Ô Empathie, où es-tu ?

On est mercredi et je publie déjà mon second article. Mais que se passe t’il ?!  En fait, il s’agit d’un article d’humeur que j’ai rédigé il y a un moment déjà mais que j’hésitais à publier. Puis, j’ai discuté à plusieurs de mes copines qui m’ont dit ressentir la même chose mais ne pas savoir le formuler alors … J’ai décidé de le publier quand même. N’hésitez pas à me laisser un commentaire sur votre lecture.

Ô Empathie, où es-tu ? T’ai-je à jamais perdu ?

J’aime à me définir comme quelqu’un de bienveillant mais je ne peux pas vraiment dire que ce soit ma nature profonde …

Replaçons les choses dans leur contexte. Je suis atteinte d’une maladie qui me fait souffrir énormément. Certains me diront qu’il existe un tas de solutions pour lutter contre la douleur. Pas tant que ça en fait. J’ai essayé beaucoup de médicaments très costauds qui n’ont aucun effet positif sur moi. Les médecins m’ont abandonnée, me laissant seule avec cette souffrance. Elle ne se voit pas mais elle est vissée à mon corps, dans chacun de mes mouvements mais même dans mon immobilité. Je dois vivre avec cette douleur, cette douleur extrêmement forte, cette douleur qui m’entoure de la pointe des cheveux jusqu’aux orteils et qui ne me lâche jamais. Si l’enfer existe, c’est à ça qu’il ressemble, croyez-moi.

Donc, je disais que j’essaye d’être une personne bienveillante. Mais cette douleur rend irritable. Je ne me cherche pas d’excuses, c’est un fait. Si vous souffrez beaucoup, constamment, tout vous énerve. Il m’arrive donc de manquer de patience voire de me montrer colérique parfois. Mais je travaille beaucoup là-dessus et je m’en sors pas trop mal je pense. Dans le même ordre d’idées, je ne veux pas être une de ces personnes qui jugent les autres. J’ai conscience que la douleur, comme les problèmes des gens … Tout ça apparaît sur une échelle qui est propre à chacun. Pour quelqu’un qui n’a jamais connu la souffrance, se faire une entorse peut être la pire douleur de sa vie. Pour moi qui connait quotidiennement les luxations, entorses et tendinites, ce n’est rien ! Mais c’est pareil pour tout. Pour des gens qui n’ont jamais eu aucun échec, rater un examen, c’est la fin du monde (je sais de quoi je parle, j’étais le genre de gamine qui pleurait pour une mauvaise note ^^). On ne peut pas classer les problèmes : un SDF est-il plus haut ou plus bas dans l’échelle du drame qu’une personne atteinte d’un cancer ? Question ridicule n’est-ce pas ?

Tout ça pour dire qu’il n’y a pas de petite douleur et il n’y a pas de petit problème.

Et pourtant, tout en ayant parfaitement conscience de cela, face à certaines confidences, à certaines « plaintes », aux publications sur les réseaux sociaux … Parfois (parfois seulement), au fond de moi, j’ai envie de dire « si c’est ton pire problème dans la vie, arrosons ça ! » Par exemple, je ne supporte pas les gens qui parlent de « se battre » constamment. Ceux qui luttent vraiment n’en parlent pas, ils agissent.  J’ai envie de leur dire de réserver ce vocabulaire pour le jour où ils auront une vraie lutte à mener. On ne peut pas batailler contre tous les aléas de la vie … On les accepte, on les dépasse… Gardons les grands mots pour les grandes causes.

J’écris ces mots et je ressens tout l’absurdité de la chose …  Je ne voudrais pas que mes amis cessent de se confier à moi parce qu’ils pensent que je ne prends pas leurs soucis au sérieux.  Je ne voudrais pas que mes copains cessent de me parler parce que leurs problèmes semblent moins importants que les miens … Aux yeux de qui ?!

Et pourtant, parfois, je manque d’empathie. J’ai envie de dire aux gens de cesser de se plaindre, de voir tout ce qu’il y a de positif dans leurs existences et de cesser de geindre sur les 3 petits soucis qui entachent leurs vies toutes roses. Ma vie m’a rendue forte mais elle m’a aussi endurcie. J’ai parfois peur d’oublier d’écouter les autres, de les soutenir, d’accorder du crédit à leurs souffrances … Alors que je me sens moi-même souvent si seule face à la mienne.  Je trouve que les gens manquent d’humanité et de bienveillance.

Mais … Comment pourrais-je reprocher aux gens de ne pas être meilleurs que moi ?

6 réflexions sur “Ô Empathie, où es-tu ?

  1. je suis tellement contente que tu es publiée. tu as mis les mots sur nos « maux ». Si j’ai l’accord de la superbe ecrivaine que tu es, je publierai ton billet d’humeur qui aurai pu être le mien comme beaucoup d’entre nous. En faite, parfois je suis comme toi je me dis « ohh mais les gens se plaignent pour si peu » et je met un commentaire et je me dis « oh puis c’est le pire dans sa vie c’est dur pour elle (ou lui) » . Mais je t’avoue que parfois je suis en gros decalage.. exemple: a la balneo, nous sommes un grand groupe, tu as toute âge, jeunes ou moins jeunes, et comme toute politesse en disant bonjour (en faisant la bise) se pose la traditionnelle question existentielle; « Comment vas tu? » bien que déjà tu te dis que si la personne est ici elle n’est pas au mieu de se forme et donc tu te doutes que la réponse sera déjà longue. (sa va mais je souffre…) et là , la personne te raconte ces misères. Il y a très souvent de nouvelles personnes avec qui je discute trés facilement (comme dis mon père, je parlerai même a un chien avec un chapeau lol). Donc bref, en 2 3 séances de 1h30 tu connais bien sa vie. Et moi lorsqu’en arrivant on me pose la traditionnelle question, je répond ça va. (une fois le kiné a même dit une fois, Coralie ne dira jamais que ça ne va pas!) et il a raison. c’est bête mais répondre avec une réponse fermé m’évite d’ouvrir un long dialogue et donc de deballer a chaque fois ma vie. Donc a la 4eme séance, la personne qui m’a raconté toute sa vie et m’avait soulé a « trop se plaindre » ma dit « au faite tu viens pour quoi toi, tu as l’air bien, en forme? » . Et là, je n’ai pas pu m’empêcher de rire en disant c’est l’un des avantages d’avoir une maladie genetique comme la mienne; elle ne se voit pas ou peu (ou par crise) j’ai donc pendant 1h racontait ma vie; le sed qu’est ce que s’est, ce qui se cache derrière ce sourire et cette joie de vivre pétillante de façade) de parler de mon miracle, ma fille, mon horrible accident de voiture et des drames qui ont marqués ma vie. Aprés avoir fait les grandes lignes pendant plus d’une heure, la personne me regarde et se met a pleurer. Et me dit « je m’excuse je me plains a chaque fois moi c’est la vieillesse, toi tu es jeune tu souffres, tu as tellement vecu de malheurs, je m’excuse, et me dis « c’est parce qu’on ne rencontre pas assez de gens « extra-ordinaire » comme vous qu’on se focalise sur nos petits soucis de la vie, elle me répète que jamais elle n’aurait cru sa « vous êtes toujours souriante, de bonne humeur, gentille.. » je n’ai pas pu me retenir et je lui ai dit « c’est normal, c’est vos soucis cela vous semble difficile a vivre, mais c’est vrai que parfois quand les gens me parlent de leurs « problèmes ou tracas » je souris car je me dis  » si il savait ce que moi je vis… » Voila un petit bout de mon histoire..

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    1. Je reconnais ma propre histoire, j’aurais même pu l’écrire ! J’ai vérifié le prénom, non ce n’est pas moi qui avait posté ce commentaire lol.
      Car j’ai vécu des drames, des histoires similaires en balnéo, en centre de rééducation, partout en fait… et moi aussi j’ai une fille.
      Il y a même un patient d’un centre de rééducation qui m’a dit que je dégageais une « paix intérieure » je me disais s’il savait ce qu’il se passe réellement dans ma tête c’est le bronx lol, mes pensées partent dans tous les sens, ignorant le code de la route et le silence, un autre que j’avais toujours la pêche, si les gens ne savent pas que je suis atteinte du SED ils ne peuvent pas le deviner.
      Courage à tous et à toutes, nous vivons des expériences très similaires

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  2. Je comprends ce que tu veux dire. je ne sais pas ce qu’est ta douleur et je ne peux même pas l’évaluer. Je peux juste l’imaginer car ma plus forte douleur a dû être mon entorse du pouce.

    Mais j’ai déjà eu une période noire dans ma vie et j’ai connu la douleur psychique. Douleur beaucoup moins douloureuse que la tienne mais qui ne se voit pas non plus.

    Et je comprends que tu puisses être entre deux sentiments. Moi aussi j’étais contente qu’on essaie de me changer les idées mais parfois j’aurais voulu crier, c’est que ça ton problème ? Tu ne te rends pas compte de ma souffrance ? Et puis cette impression permanente de n’être pas prise au sérieux !

    Aujourd’hui, je suis complètement sortie de cette période parce qu’un médecin m’a trouvé le bon traitement contrairement à ma généraliste qui ne m’avait pas prise au sérieux elle non plus !
    J’espère que toi aussi tu pourras bénéficier du bon traitement, un jour

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  3. Je te comprends complètement, je suis moi aussi une mutante 😉 avec les mêmes symptômes que toi. Parfois lorsque j’entends une personne se plaindre par exemple d’une entorse au pied alors que j’en ai une à ce même instant et personne ne le soupçonne car c’est tellement fréquent chez moi que je n’en souffre plus trop et j’ai tendance à l’oublier et me le rappeler en redécouvrant mes chevilles toutes gonflées, déformées et bleu-violacé, ou se plaindre d’une hernie discale ou d’une sciatique alors que c’est également mon quotidien (j’ai 3 hernies dont une récidivante après intervention), j’ai envie de juger mais je ne montre que de la compassion. Nous n’aurions pas cette maladie et ces douleurs permanentes localisées un peu partout, nous ferions de même, notre niveau de résistance à la douleur est bien supérieur à la moyenne et il faut prendre sur soi pour ne pas minimiser les soucis des autres. Cette maladie est souvent notre force mais pour ce côté-là, elle nous a trop endurci. Ce qui est en contradiction avec ce que pensent quelques médecins ou des personnes qui ne connaissent pas notre maladie qui prétendent que nous exagérons nos troubles, souvent aussi parce que nous sommes souriantes et en apparente santé ! Courage, médite et garde ta langue bien au chaud dans ces cas-là :-)))

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