Anecdote santé n°1

… Ca se passe comme ça, à l’hôpital.

Bonjour mes poussins.
Aujourd’hui, j’ai décidé de vous conter ma vie ordinaire de patiente ordinaire. Ne vous attendez pas à une litanie sans fin sur mes maux en tout genre. Non non, je vais vous raconter l’histoire d’une jeune femme confrontée à un monde où l’empathie et la bienveillance devraient être partout MAIS, voilà ce qui s’y passe …

Vendredi dernier, j’ai commencé la rééducation en piscine. Je décide donc de me rendre au Bassin Médical un peu en avance pour découvrir la procédure. Quiconque a déjà été confronté à l’univers médical sait que ce n’est jamais simple. J’arrive, assise dans mon fauteuil électrique jusqu’au comptoir derrière lequel, une femme est campée. Malgré ma grande expérience de ces lieux, je ne suis pas trop au fait de l’absence d’organisation des hôpitaux et je ne connais pas vraiment la fonction de cette dame, mais elle « accueille » apparemment. Je lui dis bonjour et je me présente, mais elle ne m’écoute pas, elle me fixe avec un air outré, comme si j’avais fait une chose horriblement mal polie. Je m’excuse : « je sais que je suis un peu en avance mais … » Elle me coupe la parole : « Non  mais vous pouvez descendre des marches ?? Non parce qu’on a pas le dispositif pour descendre les gens dans l’eau » (Logique dans un service de rééducation de ne pas pouvoir mettre dans l’eau des gens qui n’ont pas l’usage complet de leurs jambes). « Oui oui, c’est bon, je marche un peu ». « Non mais je vous demande si vous pouvez descendre des escaliers ! ». Bon, ça commence bien … Mais effectivement, ça ne faisait que commencer.

Elle me demande de me ranger dans un coin où je ne gène pas trop avant de me conduire à ma cabine. Elle me présente rapidement à une jeune femme, C., qui attend aussi et qui est également atteinte du Syndrome Ehlers Danlos. On commence à discuter et la madame me dit de la suivre à la grande cabine parce que ce sera plus simple avec le fauteuil électrique. Et là, tombe LA question : « ça ne vous dérange pas si j’installe C. avec vous dans la cabine ? »
C’est une vraie question ? Je dois répondre ? A moitié interloquée, je réponds : « bien sûr que ça me dérange !
– Non, mais parce que moi ça m’arrange en fait …
– Je ne suis pas là pour vous arranger, vous m’avez posé une question (déjà fort déplacée), je vous ai dit non.
– Oui bien sûr, mais vous êtes jeunes, c’est pas dérangeant pour vous … »

Non mais sérieusement ?? Vous êtes jeunes ? Oui, enfin j’ai largement passé l’âge de la puberté quand même … C’est quoi cet argument pourri ?! Si t’es jeune et/ou handicapé, tu n’as pas le droit à de l’intimité, à de la pudeur ?

Ben croyez-le ou non, mais comme je refusais tout net sa proposition, elle m’a installée dans la cabine (la seule où je pouvais aller avec mon fauteuil électrique) et elle a poussé l’autre jeune femme dedans. C. ayant de toute évidence un caractère plus doux que le mien, et ayant déjà son maillot sur elle, s’est gentiment changée en express pour que je dispose de la cabine pour mettre le mien.

Je suis encore profondément choquée par le manque de considération dont C. et moi avons été victime de la part de cette « soignante ». C. n’ayant même pas été consultée d’ailleurs. J’aimerais vous dire que c’est une exception mais c’est malheureusement monnaie courante dans le milieu médical et para-médical. J’ai nommé cette anecdote n°1 non pas parce qu’elle est la première que je vis mais parce qu’elle est la première que je conte ici (vous pouvez déjà voir mon journal de cure et un article sur la maltraitance hospitalière sur mon ancien blog). J’en ai pour plusieurs mois de rééduc’ alors j’ai le sentiment que cette « anecdote » n’est pas la dernière …

Il est bien possible que me fasse tatouer la charte des hôpitaux sur le front …

Ou sur les fesses puisque, apparemment, elles appartiennent déjà à l’hôpital !

2 réflexions sur “Anecdote santé n°1

  1. malheureusement ça ne me surprend pas… je suis assistante sociale et j’entends dire ce type de déconsidération dans les hôpitaux ou centre rééducation, soins, constamment…
    Je crois même que ça va plus loin. Je passe mon temps à me faire rembarrer violemment constamment par les administrations quand je les contacte avec les gens. Que ce soit la cpam, la carsat ou autre… on dirait que pour être recruté dans les services publics il faut être désagréable. C’est vraiment pénible, y a même des gens qui ne veulent plus appeler ou aller dans certains établissements, au risque de ne pas se soigner à cause de ça;;;
    j’en parlais justement avec un salarié qui a beaucoup voyagé en chine en espagne, en allemagne… il est italien d’origine et il me disait qu’il n’en pouvait plus des français… et je suis bien obligé malheureusement de dire que c’est vrai. Les français sont devenus désagréables et agressifs; C’est comme ça… sauf dans le commerce où ils sont obligés de faire un effort…Voilà, faut se faire à l’idée on fait partie d’un peuple de gros cons (et pourtant, je t’assure qu’avant j’étais trop fière d’être francaise… mais la solidarité bla bla bla… et ben elle a disparu de la france).
    Quoi qu’il en soit, je suis toujours atterrée de voir que même quand on souffre, ou qu’on est fragile, et bien le service public t’en fout plein la gueule, te montre bien que tu déranges… Et après ils se plaindront que les gouvernements veulent les privatiser et utiliser la même législation du travail que dans le privé, et bien moi je dis que peut être ça ne leur ferait pas de mal !!!!!
    je te souhaite bon courage et j’espère que la prochaine fois, tu tomberas sur des personnes respectueuses (car ce que tu décris c’est inadmissible) car il y en a encore quelques unes qui se font rares….

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  2. Bien que la situation soit plus que dramatique car il y a des affiches placardées dans tous les centres hospitaliers pour vanter la charte du patient à l’hôpital, ta façon de le raconter fait passer la pillule. L’humour sauve de tout ! Ca ne rend pas la situation admissible pour autant. Je ne crois pas qu’on puisse se faire à l’idée que ses fesses (ou quoi que ce soit d’autre d’ailleurs) puisse appartenir à l’hôpital. J’espère vraiment que tu pourras signaler ces remarques et ces agissements scandaleux auprès du « service client » de l’établissement.Et qu’il y aura du mieux. C’est vrai que de temps en temps on rencontre quelqu’un d’humain et de chaleureux mais c’est l’inverse qui devrait être l’exception.
    Gros bisous et bon courage !

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